Dans leur effort pour tracer des frontières culturelles, les textes abordés ici montrent à quel point l’opposition Orient-Occident est alors perméable. Ils ouvrent sur un « troisième lieu » qui n’est ni l’Occident ni l’Orient ni un mélange des deux, mais une hybridité qui engendre une culture nouvelle. Dans cette région de l’Europe orientale, de l’Europe orientalisée, la figure du barbare est mise en valeur de façon paradoxale. Ces mémoires parallèles, turques, roumaines et hongroises, posent de fait la question théorique de l’interculturalité et les limites de la notion de « culture ». La présence ottomane dans cette région dite aujourd’hui d’Europe centrale, est une présence qu’on ne peut en aucun cas réduire à une simple occupation ; culture locale et culture de l’occupant s’interpénètrent. Les traces de cette présence profonde y sont encore visibles de nos jours.