Le refus du roman de voyage, ou le roman ancillaire

auteurs

  • Kovacshazy Cécile

mots-clés

  • Récit de voyage / littérature de voyage
  • Ancillarité
  • Octave Mirbeau
  • Jane Harris
  • Kathryn Stockett
  • Flaubert

résumé

Le plus petit commun dénominateur à tous les romans de voyage est qu'il narre un voyage. C'est un truisme que de le dire. Et pourtant, il est des romans dont la trame est fondée sur un voyage et un voyage déterminant, et où ce récit n'est pas raconté. Je voudrais m'arrêter ici sur les romans ancillaires -romans ayant pour protagoniste une bonne, une servante, une femme de ménage. Sur un corpus très large de romans, à l'échelle européenne, une même constatation s'impose : tous commencent par un voyage. Ce voyage est toujours le même : une jeune fille venue de la campagne, issue d'une famille miséreuse, en général victime d'un viol ou abusée par de fausses promesses à la sortie d'un bal, peu ou mal aimée de ses parents -s'ils sont encore vivants-, quitte son village pour aller gagner sa vie ailleurs, en ville, comme bonne. Ce voyage est primordial à double titre : inaugural pour le récit, essentiel pour les bouleversements qu'il annonce. Il ouvre à l'héroïne une nouvelle vie. Il permet à la jeune fille de changer de territoire géographique, d'environnement social, et de phase de vie. Or c'est systématique et flagrant : ce voyage n'est pas du tout narré, il est tu. Au mieux est-il résumé en une demi-phrase, négligemment et rapidement mentionné.

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