Quel est le devenir à l'adolescence des enfants atteints de troubles envahissants du développement ? Nous avons souhaité contribuer à répondre à cette question en étudiant le devenir des enfants pris en charge à l'hôpital de jour de l'hôpital Montperrin d'Aix-en-Provence entre 1988 et 2005. Notre étude porte sur 32 patients dont 29 garc¸ons. Pour décrire leur état clinique initial à l'hôpital de jour, nous avons réalisé des grilles d'évaluations comprenant la symptomatologie présentée lors de leur hospitalisation de jour, le diagnostic selon la CIM-10 et la CFTMEA-R, le niveau verbal, intellectuel, scolaire et d'interaction sociale. Puis nous avons rempli ces grilles grâce aux informations obtenues dans les dossiers archivés à l'hôpital Montperrin. Pour connaître leur état actuel, nous avons établi des questionnaires reprenant les mêmes items ainsi que le type de prise en charge, les activités pratiquées et les orientations envisagées et nous avons envoyé ces questionnaires aux responsables médicaux des structures où sont actuellement placés les patients. Les résultats de cette enquête montrent que globalement, le devenir à l'adolescence des enfants atteints de TED n'est pas aussi sombre que ce qui était décrit dans les premiers résultats de la littérature. Ainsi, le nombre de patients mutiques a été divisé par deux. Les adolescents interagissent plus avec leurs pairs (plus de 80% des enfants n'avaient pas de relation sociale à l'entrée de l'hôpital de jour contre 50% actuellement). Certains symptômes se sont nettement atténués comme les troubles du comportement auto- et hétéro-agressifs, l'instabilité. En revanche, on observe souvent la persistance de comportements inadaptés, de mouvements stéréotypés et de bizarreries qui limitent leur capacité d'adaptation sociale et professionnelle. Comme cela a déjà été souligné dans d'autres études, nous retrouvons qu'un QI bas et une absence de langage après cinq ans semblent être des facteurs de mauvais pronostic. La catégorie diagnostique est aussi un facteur pronostique, l'autisme infantile étant la pathologie la plus grave. Nous pensons que le changement de repères nosographiques, via les représentations qu'ils sous-tendent et les changements de pratiques qu'ils suscitent, peuvent expliquer au moins en partie l'amélioration actuelle du pronostic des TED à l'adolescence. Le problème majeur que vient confirmer cette enquête est le manque de structures véritablement adaptées à leurs troubles.